1 - Une brève histoire de l'OTAN
L'OTAN a été fondée en 1949. Il s'agissait alors d'un traité de défense commune des états-unis et des pays d'Europe de l'Ouest contre une éventuelle attaque du bloc soviétique. Le principe de l'alliance est celle de la défense mutuelle, si un des pays membre est attaqué les autres pays lui doivent assistance.
De part sa création, l'OTAN ne devait intervenir qu'en cas d'attaque d'un des pays membre et devait être dissoute à la disparition de la menace du bloc soviétique.
En 1989, l'OTAN aurait du disparaître... Elle s'est au contraire renforcée et a beaucoup évoluée.
Cette évolution s'est faite dans trois directions : d'une part du côté de la portée globale, d'autre part du côté de la défense « préventive » et enfin du côté de la protection des intérêts des pays membres en plus de leur sécurité.
1.1 Portée globale
Concernant la portée globale, l'OTAN a pour ambition de devenir le « gendarme » du monde. Abandonnant la défense de zone elle s'oriente vers la projection globale. Elle s'est donnée pour objectif de pouvoir mobiliser et faire intervenir plus de 300 000 soldats dans n'importe quelle zone du monde. Cela passe donc dans l'installation de bases de l'OTAN avec tout le matériel à disposition pour une intervention à courte portée. L'OTAN cherche donc un large développement vers l'est et dans le pacifique à travers de nouvelles intégrations ou des partenariats renforcés. Chaque contrat signé avec un pays est l'occasion d'installation d'une ou de plusieurs bases, radars et silo de missiles.
1.2 Défense préventive
La défense « préventive » est un autre credo de l'OTAN. On en a vu la signification très récement. Ainsi, même si aucun pays membre de l'OTAN n'est attaqué, l'OTAN peut intervenir contre un pays s'il considère que ce pays peut représenter une menace pour sa sécurité ou ses intérêts. L'OTAN quitte son rôle d'organisation de défense pour devenir officiellement une organisation d'attaque. C'est ce principe qui a conduit à la guerre en Irak, et qui est mis en avant pour une intervention en Iran.
1.3 Au service des intérêts
Enfin concernant la défense des intérêts des pays membres. L'OTAN devait initialement défendre la sécurité des états membres. Officiellement, elle s'est toujours contenté de ce rôle jusqu'en 1999. En effet, c'est à cette date, puis cela a été réaffirmé lors du sommet de Riga en 2006, que l'OTAN envisage le fait que l'approvisionnement énergétique constitue un point important de la sécurité des états membres. La guerre pour défendre des couloirs énergétiques devient donc une des raisons d'être officielle de l'OTAN. Cette prise de position a par ailleurs abouti à la demande d'entrée dans l'alliance de nombreux pays de l'Est dont l'approvisionnement énergétique dépend de la Russie.
Officiellement l'OTAN est une organisation militaire défendant la sécurité et les intérêts économiques des pays membres en se donnant comme objectif un contrôle total sur tout le territoire de l'Eurasie.
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Note : «C’est en Eurasie que se trouvent les pays politiquement les plus dynamiques et les mieux capables de s’imposer. Tous les candidats historiques au pouvoir mondial venaient d’Eurasie. Les candidats à l’hégémonie régionale les plus peuplés, la Chine et l’Inde, sont situés en Eurasie, comme tous les challengers politiques et économiques potentiels des Etats-Unis. C’est là que se trouvent les six plus importantes puissances économiques et militaires après les Etats-Unis, toutes les puissances nucléaires déclarées sauf une et toutes les puissances nucléaires non déclarées sauf une. L’Eurasie représente 75% de la population mondiale, 60% du produit mondial brut et 75% des ressources énergétiques mondiales. La puissance potentielle de l’Eurasie prise dans son ensemble dépasse celle des Etats-Unis.
L’Eurasie est un supercontinent qui constitue un axe du monde. Une puissance qui dominerait l’Eurasie exercerait une influence décisive sur deux des trois régions du monde les plus productives économiquement, l’Europe de l’Ouest et l’Asie de l’Est. Un coup d’œil sur une carte suggère également qu’un pays dominant l’Eurasie contrôlerait presque automatiquement le Moyen-Orient et l’Afrique. L’Eurasie représentant maintenant un échiquier géopolitique déterminant, il ne suffit plus d’élaborer une politique pour l’Europe et une autre pour l’Asie. Ce qui se passe dans la répartition du pouvoir sur le continent eurasien aura une importance décisive sur la suprématie mondiale de l’Amérique et son héritage historique.»
Extrait de Zbigniew Brzezinski,
A Geostrategy for Eurasia, Foreign
Affairs, septembre/octobre 1997
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1.4 Les opérations militaires
En regardant de près les opérations militaires menées par l'OTAN les choses deviennent plus claires.
Durant toute la durée de son existence avant la chute du bloc soviétique, l'OTAN n'a mené officiellement aucune action militaire. En terme de défense de la sécurité des pays membres de l'OTAN, aucun n'a été engagé dans une guerre demandant l'appui ou l'engagement de l'OTAN. Ce n'est que lorsqu'il a été envisagé le concept d'attaque préventive et la défense des intérêts économiques des pays membres que l'OTAN a commencé à réellement agir.
En Yougoslavie. L'OTAN a commencé son intervention sous couvert d'action humanitaire. Attaquant un des pays membres des Nations Unies sans qu'il n'y ait eu d'agression de ce pays, d'après les conventions internationales l'action était illégitime et illégale. L'ONU a cependant avalisé l'intervention de l'OTAN en votant une résolution autorisant l'OTAN à intervenir en dehors du cadre des Nations Unies. C'est ce qu'a fait l'OTAN en pénetrant au Kosovo.
Au bilan :
– plus de 2000 civils tués
– plus de 6000 civils blessés
– plus de 700 000 réfugiés
– plus de 30 tonnes d’Uranium Appauvri et d’autres déchets nucléaires
– plus de 150 000 tonnes de pétrole échappées des raffineries bombardées de Novi Sad et Pancevo
– plus de 300 kg de pyralène échappé de transformateurs bombardés
– destruction de 5 aéroports, 60 ponts, 30 cliniques, 20 hôpitaux, 190 écoles, 300 usines, 2 raffineries de pétrole, 4 tours de télévision, 3 studios de télévision, 15 chars et quelques avions : les frappes chirurgicales...
Mais la suite est plus intéressante...
La première incursion au Kosovo a été faîte par les russes, la seconde par les soldats de l'OTAN, la troisième par les compagnie américaines des mines et du pétrole.
Les découvertes ont été intéressantes :
L’argent, le chrome, le bore, le tungstène, le plomb, le zinc (42,2 millions de tonnes), le nickel, le cobalt (13,3 millions de tonnes), la magnésite (5,4 millions de tonnes), la bauxite (1,7 million de tonnes), l’iridium et le germanium ne sont que quelques-unes des ressources minières constatées jusqu’ici au Kosovo-Metohija.
Les seules réserves de lignite de qualité supérieure à faible teneur en soufre sont évaluées à 14 milliards de tonnes, ce qui, étant donné l’utilisation actuelle, suffira pour les 200 prochaines années et les réserves de chrome représentent 20% des réserves mondiales.
En outre, on a découvert des réserves importantes de schiste bitumeux, réserves qui sont également abondantes dans le sud de la Serbie à proximité du village de Subotinac dans la commune d’Aleksinac. La technologie de l’extraction du schiste bitumeux est bien développée aujourd’hui dans le monde. Les spécialistes supposent la présence de pétrole et de gaz sous l’épaisse couche de schiste bitumeux et pensent qu’il s’agit d’un prolongement du «filon de la Caspienne» qui s’étend jusqu’à l’Adriatique en passant par l’Albanie. On en parle déjà ouvertement. Ainsi, dans un communiqué de presse du 10 janvier, la Manas Petroleum Company a rendu publics les résultats d’une évaluation des ressources effectuée par Gustafson Associates LLC : On aurait découvert dans le nord de l’Albanie d’importants gisements de pétrole et de gaz dont le volume est évalué à 2987 milliards de barils de pétrole et à 1004 billions de mètres cubes de gaz. On suppose que la moitié se trouve en Albanie et l’autre au Kosovo-Metohija.
Cela éclaire davantage les causes de l'incursion de l'OTAN...
Du côté de l'Afganistan, l'OTAN fait face à des soldats qu'elle a formé elle même... L'intérêt d'une intervention en Afganistan est double, d'une part il s'agit d'un contrôle sur une route énergétique d'importance, le second est un pas de plus dans l'encerclement de la Russie et de la Chine....
Une visite du secrétaire général des Nations Unies indique que la moitié des civils tués est due aux Talibans, l'autre moitié étant due aux forces de l'OTAN.
Deux exemples d'interventions...
2 - Ni démocratique, ni européenne
L'OTAN est un directoire militaire composé de deux instances principales : une instance politique qui comprend les chefs d'état des pays membres de l'OTAN et une instance stratégique et opérationnelle qui comprend plusieurs généraux.
L'instance politique s'occupe de valider ou de discuter les actions proposées et présentées par l'instance stratégique. Ce sont donc les généraux de l'OTAN qui ont un contrôle réel sur les décisions de l'OTAN. En effet, les missions d'observations de menace (en vue d'une attaque préventive) sont faîtes par l'instance stratégique et l'on a vu ce que cela a donné en Irak.
Point intéressant concernant l'instance stratégique : elle est dirigée par deux commandants suprèmes, un commandant suprème « Opérations » et un commandant suprème « Transformation ».
Dans la constitution de l'OTAN, le commandant suprème « Opérations » est également commandant des forces américaines aux Etats-Unis et le commandant suprème « Transformation » est également commandant des forces américaines en Europe. L'OTAN est donc controllé par les Etats-Unis de fait et cela ne changera pas.
Depuis 1945, aucun soldat américain n'a servi sous un commandement autre qu'américain. Durant le conflit au Kosovo, les forces anglaises et françaises avaient demandées à être « informées » des actions militaires afin de pouvoir en discuter. A l'issue du conflit, la réponse du commandement suprème « Opérations » a été claire : « plus jamais ça! Un militaire obéit, il n'est pas là pour discuter. »
2.1 L'abstention constructive
Jusqu'à présent, les décisions prises par l'OTAN étaient prises au consensus, c'est à dire qu'un pays membre de l'OTAN pouvait opposer son véto à une intervention (ce qui a fait qu'en Irak, l'OTAN s'est uniquement occupé de formation et pas d'action militaire directe). Ce droit de véto va être remplacé par une abstention constructive : les décisions seront prises à la majorité, les pays membres de l'OTAN pourront s'opposer, cette opposition sera consignée, mais n'abstiendra pas le pays en question d'envoyer des troupes et de financer les actions de l'OTAN par soutien à l'organisation dont il fait partie.
2.2 Rapport à l'ONU
De plus en plus, l'OTAN tente de se placer au dessus de l'ONU. Ainsi, à chaque opération militaire menée par l'OTAN le pouvoir de l'ONU s'ammenuise. En Yougoslavie, l'OTAN est intervenue contre la charte des Nations-Unies et sans l'accord de l'ONU (accord donné à postériori pour légitimer l'action de l'OTAN). En Afganistan, l'OTAN a demandé à l'ONU le commandement des forces militaire, qu'il a obtenu. L'OTAN a légitimé l'action américaine en Irak en falsifiant un rapport présenté comme authentique au conseil de sécurité de l'ONU. A chaque pas en avant de l'OTAN, l'ONU recule...
2.3 Et l'Union Européenne
Au niveau de l'Union Européenne, les choses vont dans le même ordre. Ainsi, la Géorgie et l'Ukraine avaient demandées à être intégrés dans l'OTAN par peur des actions en cours de la Russie. L'Union Européenne avait fait savoir officiellement à l'OTAN qu'elle s'opposait à cette intégration en raison du risque de destabilisation qui risquait d'en découler, en particulier vis à vis de la Russie. En définitive l'intégration des deux pays a été repoussée, mais la réponse de l'OTAN a destination de l'Union Européenne a été claire : « Les décisions qui concernent l'OTAN sont du seul ressort de l'OTAN ».
3 - L'entrée de la France dans le commandement intégré
En 1966, De Gaulle avait décidé la sortie de la France du commandement intégré de l'OTAN pour plusieurs raisons.
D'une part, il souhaitait avoir les mains libres en terme de politique exterieur.
D'autre part il souhaitait que la défense européenne se construise à l'échelon européen et sans les Etats-Unis.
Enfin, il ne souhaitait pas que la France se retrouve entrainée dans des aventures militaires hasardeuses.
Ces trois points sont toujours d'actualité, pourtant Sarkozy a annoncé le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN (alors que Bush était encore président...). Point de détail intéressant, l'annonce officielle du président a été faîte avant validation par l'assemblée nationale le 17 Mars (après que le Premier Ministre ait mis le couteau sous la gorge de sa majorité au gouvernement).
Pour autant, il s'agit plus d'un détail que d'un point primordial. En effet, la France est d'ores et déjà très impliquée dans l'OTAN, l'entrée dans le commandement intégré ne changera que peut de choses, si ce n'est la progression de carrière de 800 généraux français. Cela ne changera rien pour l'OTAN ou pour sa politique, le peu de choses qui changent pour la France est l'obligation d'une implication plus importante.
Cette implication prendra deux formes : une implication militaire accrue.
En effet, les Etats-Unis, en pleine crise financière peuvent difficilement continuer à maintenir une force militaire de l'envergure qu'elle a actuellement, Obama a donc demandé un effort plus importants des autres pays. La seconde implication sera dans l'engagement des forces. Plus question de dire non à la guerre en Irak par exemple. Avec le nouveau système de prise de décisions à la majorité, les troupes des pays membres du commandement intégrés devront intervenir là où l'OTAN interviendra.
Ainsi, l'entrée de la France dans le commandement intégré de l'OTAN ne doit pas être le coeur de nos interventions. Notre opposition à l'OTAN doit être globale et doit se fonder sur l'espoir d'un autre avenir, notamment dans le cadre d'une défense européenne dont la France et l'Allemagne pourraient être les piliers.
4 – Et demain? Quel avenir prépare l'OTAN?
Le besoin de se mobiliser et d'ouvrir une alternative est d'autant plus pressant que l'avenir est très incertain. En effet, en réponse à la progression de l'OTAN vers l'Est dans un objectif de contrôle des ressources, d'approvisionnement et d'encerclement de la Chine et de la Russie, la réponse ne s'est pas faîte attendre.
La Chine, la Russie, l'Inde et l'Iran depuis peu sont en train de former une nouvelle alliance militaire (du même type que l'OTAN, mais version Est).
Lorsque l'on sait que les armées les plus importantes en nombre sont celles des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine, de l'Inde, de la Corée du Nord et de la Corée du Sud, l'avenir n'apparaît pas glorieux. Encore plus quand d'anciens généraux de l'OTAN écrivent un manifeste envers l'OTAN pour demander l'utilisation de l'arme atomique comme outil de dissuation...
L'avenir se prépare, et il se prépare mal lorsque l'on connaît le seul moyen qu'a trouvé l'homme pour sortir d'une crise financière de l'envergure de celle que l'on connait actuellement.
Nous savons que le terrorisme pousse sur le terreau de la misère, de l'injustice et de l'inégalité et qu'il est nourrit par les moyens militaires qui se développent contre lui. Nous sommes convaincus que la résolution des conflits passe par la concertation, la négociation et la solidarité.